II. Description de la Clinique de Chirurgie orthopédique de Reims.
La Clinique actuelle, où les idées de M. Mencière sont mises en pratique, est confiée à un personnel nombreux, dirigé par les sœurs de l’Enfant-Jésus de Reims. Le chirurgien est le maître absolu, le général en chef qui commande ; et toutes les infirmières masseuses, etc., suivent pas à pas, et avec la plus manifeste sollicitude, sous la direction de l’homme de l’art, la marche de l’affection et du traitement, et les progrès réalisés par la thérapeutique employée.

Fig. 1.- Situation topographique de la Clinique de Chirurgie orthopédique de Reims.
Ce n’est pas là un service isolé d’hôpital, consacré à une Spécialité : c’est tout un hôpital, réservé à l’étude d’une Science particulière, c’est à dire comme on dit, en Allemagne, un véritable Institut de Chirurgie orthopédique, qui peut devenir et deviendra sous peu, nous en avons la certitude, un important Centre d’Enseignement de la spécialité considérée, où viendront s’instruire des étudiants français et les médecins étrangers.
I. VUE D’ENSEMBLE.
Cet établissement, conçu suivant un plan nouveau chez nous tout au moins, réalise, cela saute de suite aux yeux des plus prévenus, le maximum que puisse atteindre, dans une ville qui n’est pas Paris, un homme seul, agissant avec ses propres ressources.
Cela a été possible grâce à des circonstances toutes fortuites, que le créateur a d’ailleurs sû utiliser au mieux des intérêts des malades et du chirurgien lui-même, avec un propos qui ne peut manquer de frapper tous ceux qui voudront bien faire après nous le voyage de Reims. M. le Dr Mencière, en effet, a choisi, pour installer sa clinique, une situation des plus favorables, dans un des faubourgs les mieux aérés de la capitale de la Champagne ; et on peut même dire qu’elle se trouve en somme presque hors les murs, en pleine campagne, au – sud-ouest du canal, dans le quartier de l’église Sainte- Geneviève, 38, rue de Courlancy (Fig. 1).
L’emplacement est admirable, car il correspond à un vaste parc (Fig. 2), avec jardins, au milieu duquel, sur une sorte de monticule, s’élèvent de nombreux bâtiments qui correspondent à un ancien établissement d’éducation, et sont presque ancien comme neufs, après la restauration qui y a été tout récemment exécutée.
La première caractéristique à noter dans la construction de cette Clinique, ce sont ses dimensions inusitées ! C’est, en effet, l’établissement de ce genre le plus considérable qui existe à l’heure présente dans notre pays ; et on peut même ajouter qu’il dépasse désormais en importance matérielle les plus grandes maisons de santé privées allemandes, en particulier celle qu’occupait jadis le Pr Hoffa, à Wurzbourg.
Il n’y a rien d’étonnant à cela ; et on comprendra de suite la por tée de cette remarque, quand on saura que le terrain, correspondant à plus de cinq hectares, a une valeur de plus de cent mille francs ; que le mur de clôture, qui représente une longueur à peu près de 1.000 mètres, et les bâtiments, ont coûté, à eux seuls, 600.000 francs ; et qu’enfin l’aménagement définitif et l’installation des différents services de la Clinique ont exigé une dépense de plus de 400.000 fr.;

La surface des bâtiments de la Clinique proprement dite est de 1440m2 ; la surface des bâtiments annexes et de la maison du concierge est de 553m2.
L’édifice occupe la partie nord du parc. Séparé de la rue de Courlancy par une pelouse inclinée en pente douce (Fig 2), il correspond à la partie la plus élevée du terrain. Il y a, derrière lui, une autre pelouse, beaucoup plus vaste, disposée en longue terrasse, à côté la ferme et du jardin potager. Grâce à cette disposition et à de cette situation, les malades peuvent bénéficier de tous les avantages des Sanatoria de plein air et se trouvent dans les meilleurs conditions possibles, au point de vue des soins post-opératoires qui leur conviennent et qui leur sont indispensables.
Fig. 3 – La grille de l’entrée du Pare, menant à la Clinique.
Le courant électrique, qui alimente tout l’enclos, au point de vue de l’éclairage, et de la force motrice destinée aux salles de mécanothérapie, d’opération, de radiographie, etc., est fourni par une usine de la ville de Reims. Pour l’amener rue de Courlancy, il a fallu établir une canalisation aérienne privée, assez étendue, qui a exigé des dépenses considérables.

A l’arrivée à la grille du parc (Fig. 3), on aperçoit la série de poteaux élevé qui y conduisent l’énergie nécessaire aux usages si variés d’un établissement chirurgical et d’une maison de santé confortable. Bien entendu, tous les couloirs et toutes les chambres possèdent des lampes à incandescence en quantité suffisante.

Dans les sous-sols sont disposés les calorifères à air chaud, qui chauffent le rez-de-chaussée et les deux étages, d’une façon telle que les cheminées ont été supprimées dans toutes les pièces. Ce mode de chauffage existant dans l’établissement primitif, il était évidemment inutile en l’espèce de le modifier : ce qui a évité des frais. Des canalisations d’eau ont du être installées à grand frais dans le parc pour les besoins du jardinage. L’ensemble des bâtiments (Fig. 4) s’élève presque au milieu du parc, dont l’étendue est relativement considérable, et qui est entouré de tous côtés par un mur de clôture, assurant à l’établissement un isolement parfait, sans toutefois nuir, en quoi que ce soit, à l’aération générale.

Fig. 6. – Partie réservée au Musée de et moulages et prothèse à la Mécanothérapie.
Il est constitué par un corps unique de constructions, qui comprend plusieurs étages, dont le sous-sol, le rez-de-chaussée et le premier étage nous intéressent surtout, le deuxième étage étant réservé au personnel, à des services accessoires, et à plusieurs grands dortoirs pour enfants, et à des chambres plus modestes.
C’est au rez-de-chaussée (Fig. 5) que se trouvent les parties qui sont surtout du ressort de la chirurgie opératoire. En dehors des salles réservées à l’administration et des salons d’attente, nous avons à signaler, en effet, d’abord le cabinet de consultation privée du chirurgien, où se font les examens radioscopiques ; puis le Musée des Moulages et de la Prothèse et des documents scientifiques (Fig. 6). Ces pièces constituent la première aile, celle qui correspond à l’entrée de la Clinique ; elles sont disposées à l’ouest du grand vestibule d’accès, ouvert au côté nord, de façon à ce qu’on ait à sa gauche, en entrant, le salon d’attente et à sa droite, et successivement, la loge du portier, la salle du Conseil d’administration, et l’économat (Fig. 7).
Perpendiculairement à cette aile, du côté sud, se trouve le Pavillon d’Opérations, auquel on accède par un large couloir ; il comprend l’atelier de moulage, le laboratoire de photographie et de radiographie, la salle d’opérations non sanglantes, la salle d’opérations sanglantes.
De l’autre côté, parallèle à la direction de ce pavillon, se trouve une troisième aile, à laquelle on accède par une grande galerie, dite Galerie de Cure du rez-de-chaussée (Fig.11). Elle donne accès d’une part aux deux grandes salles de Mécanothérapie, et à un Salon de lecture. À son extrémité Est se trouve le grand escalier qui conduit au premier étage.
Le premier étage (Fig. 8), est consacré exclusivement aux patients en traitement, et se compose de deux grandes galeries de cure (Fig. 12), perpendiculaires l’une à l’autre, sur lesquelles viennent s’ouvrir le Bureau de la Clinique et toutes les Chambres de malades. À l’une des extrémités, on trouve le réfectoire des sœurs et l’office, avec monte-charge ; en un autre point, il y a une pièce de service spéciale, avec évier et vidoir.


Au second étage (Fig 10), en dehors des salles pour le personnel, se trouvent des dortoirs très vastes pour enfants, d’autres chambres et des salles communes ou dortoirs pour patients d’une autre catégorie, et en particulier pour les blessés du travail.
Au sous-sol (Fig. 9), nous devons signaler, en particulier, l’atelier de fabrication des appareils orthopédiques, la buanderie, la cuisine, la salle des bains, la lingerie et le séchoir, le réfectoire du personnel, les chambres à calorifères et les étuves à désinfection.
Lors d’une visite rapide dans tous les services, on est frappé de l’ampleur avec laquelle ils ont pu être installés, grâce aux dimensions étonnantes de l’ensemble.
On a l’impression qu’on se trouve dans un grand hôpital, moins comparable à ceux qui sont si fréquents aux Etats-Unis, et en particulier dans une sorte de réduction de celui de Johns Hopkins, à Baltimore, célèbre dans le monde entier.
La disposition des bâtiments au milieu d’un parc immense, pourvue de pelouses et plantées d’arbres déjà en pleine végétation, ne fait qu’accentuer la justesse d’une telle comparaison.
Et l’on a la sensation de parcourir un établissement absolument complet, parfaitement autonome et, susceptible de vivre par lui-même d’une vie propre, au voisinage d’une grande cité comme Reims : ce qui est un véritable tour de force pour une simple institution privée !